Mes aventures en Himalaya vont du niveau des plaines jusqu’aux limites de l’atmosphère.
Lorsque je gravis les marches du plus grand escalier de la planète, mon regard est celui du voyageur. Un voyageur dont le but lointain – le sommet – n’est pas sans risque. Cette inquiétude du défi à venir me pousse à ne jamais m’attarder nulle part.
Je n’ai donc pas la prétention de ramener le moindre reportage exhaustif sur telle région ou telle communauté montagnarde.
A travers mes photos j’ai tenté de montrer les deux dimensions de mon cheminement: l’horizontale et la verticale.
L’horizontale c’est la diversité des pays traversés, des gens rencontrés. La verticale c’est le contraste brutal entre la vie en bas et la survie précaire aux grandes altitudes.
Pour obtenir une qualité homogène de mes images j’ai voulu travailler avec le même matériel de zéro à 8 000 mètres: à savoir le boîtier Leica M6 (avec 3 objectifs: 28 mm, 50mm et 90mm) et les films Fujichrome (50 et 100 ASA professionnel avec bien sûr la Velvia depuis 1990!). Aux longues focales, j’utilise le télé 180 mm d’Angénieux couplé au boîtier Nikon (F3 Presse).
L’utilisation des films 50 ASA pose rarement des problèmes car le M6 autorise des vitesses plus lentes que les boîtiers reflex.
Jusqu’au camp de base, par précaution, j’ai toujours le monopied dans le sac.
Si beaucoup de photographes ont parcouru les pays himalayens, pratiquement aucun n’est rentré dans le domaine des grands sommets. Et pour cause: redescendre un bon cliché de là-haut est aussi ardu que d’en rapporter dix des rizières népalaises ou des oasis du Pakistan. Dans l’air raréfié, l’amoindrissement des facultés de jugement et la lenteur des gestes rendent difficile le travail photographique. La fiabilité et la qualité du matériel (boîtier, objectif et films) sont d’autant plus importants que l’on ne va pas tous les jours au sommet du K2 ou dans la face sud du Lhotse!
C’est pourquoi je reste un inconditionnel du boîtier mécanique M6, insensible au froid et à l’humidité.
Pour conclure je dirai que, parallèlement à ma passion de l’alpinisme, j’aime ce défi de la photographie en conditions extrêmes.
Pierre Béghin