Pierre est l’aîné d’une famille de 3 enfants. Fils de Michel et Solange Béghin, Pierre est né en 1951 à Rotterdam.
Pierre ; homme d’engagement. L’himalayiste puriste, le photographe, l’auteur, l’écologiste, l’ingénieur, le docteur en mécanique des fluides : un homme aux multiples facettes.
En 1991, Pierre comptait à son actif 5 « 8 000 » dont 2 en solo, le Kanch’ et la face sud du Makalu. Tous gravis par des itinéraires engagés et difficiles.
Tout a commencé à Fontainebleau et dans les Alpes. La passion de la montagne et de l’escalade est née à Chamonix grâce aux vacances passées en famille et à Fontainebleau les dimanche lors de leurs « balades dominicales ». Dans ses ascensions dans les Alpes, il a entraîné son frère Claude de 2 ans son cadet. Il se marie avec Annie, géographe, peintre et garde naturel aux Ecrins et vivent au Sappey-en-Chartreuse.
Dans les Alpes, Pierre compte de nombreuses réussites : Courtes, Droites, Dru, Fou, Frêney, Badile…
Des solitaires : face nord des Droites, Walker aux Grandes Jorasses, Frêney…
Des hivernales : face Nord Ouest de l’Aile Froide, face nord du Pic sans Nom en solo, voie Bonatti-Vaucher aux Grandes Jorasses avec Xavier Fargeas…
1972: Grandes Jorasses éperon Walker: 7ème ascension en solitaire.
1973: Droites face Nord, avec Xavier Fargeas : Davaille directe en style alpin.
1974: Tour du Uli Biaho au Baltoro, avec Jean Fréhel et Jean-François Porret : échec à 100m du sommet.
1975: Ailefroide face Nord voie Devies-Gervusatti, avec Olivier Challéat, Pierre Caubet et Pierre Guillet: 1ère hivernale.
1976: Pic Sans Nom face Nord voie Russenberger: 1ère hivernale en solitaire.
1977: Grandes Jorasses Pointe Whymper voie Bonatti-Vaucher, avec Xavier Fargeas : 2ème ascension.
Puis vient l’Himalaya :
1977: Manaslu, avec Thierry Leroy, Jean Fréhel et Jean-François Porret: pas de sommet et amputation de doigts de pied.
1978 : Face nord du Huascaran au Pérou, avec Xavier Fargeas: réalisation majeure.
1979 : K2 arête Sud-Ouest, expédition nationale avec Leroy, Fargeas, Cordier, Mellet (chef d’expédition), Ghirardini, Coudray, Mosca, Maurice Barrard. Arrêt à 8300 m.
1980 : Pilier sud-ouest au Dhaulagiri, avec Bernard Muller: pas de sommet mais fin des difficultés atteintes à 7500m, tentative majeure.
1981 : Face ouest du Manaslu (8167 m), une première avec Bernard Muller. Avec aussi Dominique Chaix et Gérard Brétin. Réalisation majeure.
1982 : Tentative de la face nord du Jannu, avec son frère Claude Béghin, Bernard Muller, Xavier Fargeas, Gérard Bretin, Thierry Leroy et Patrick Bérhault.
1983 : première en solitaire du Kangchenjunga (8586 m) par la face sud-ouest, troisième homme à réaliser un plus de 8000 en solitaire: réalisation majeure.
1984 : première de l’éperon sud du Dhaulagiri (8167 m) avec Jean Noël Roche: réalisation majeure.
1985: Everest face Nord couloir Norton, avec Annie Béghin: pas de sommet, altitude atteinte: 8200m.
1986 : Tentative en face nord de l’Everest, avec Loretan et Troillet (succès pour ces 2 derniers). Tentative avec Eric Escoffier à l’Everest.
1987 : Everest face Nord, avec des Catalans par une voie difficle: tentative majeure, altitude atteinte 8700m. Face nord du Jannu, voie japonaise en cordée alpine (7700 m) avec Erik Décamp. Avec aussi François Marsigny et Juan Tomas.
1988 :il passera près de quatre mois sur une expédition en face nord du K2 (8611 m), car les eaux de la rivière Shaksgam interdisent tout simplement le retour de la caravane. Avec François Marsigny, Gérard Brétin, Frédéric Vallet, Pierre Royer (caméraman) et Dominique Caillat.
1989 : face sud directe du Makalu (8463 m) en solo. Après un bivouac à 8050m, il essuiera deux avalanches lors d’une descente invraisemblable. Avec aussi Michel Fauquet, Alain Ghersen, Gérard Vionnet-Fuasset, Michel Cadot (médecin) et Guy Chaumereuil: réalisation exceptionnelle.
1990 : tentative en face sud du Lhotse avec Christophe Profit.
1991 : première de l’arête nord-ouest du K2 (8611 m) et première ascension en duo et sans assistance avec Christophe Profit. Réalisation exceptionnelle.
Il a disparu le 11 octobre 1992, en redescendant avec Jean Christophe Lafaille la face sud de l’Annapurna.
Pierre était alpiniste, conseiller technique de grandes marques de montagne et ingénieur au CEMAGREF de Grenoble.
Scientifique de père en fils, Pierre s’inscrit dans la tradition familiale et suit les traces de son grand-père Henri Béghin.
Ce dernier fut un éminent théoricien qui s’est entouré d’ingénieurs pour la réalisation de ses inventions.
Il achèva ainsi à Lille un second type de compas gyrostatique de haute précision, asservi à une direction fixe, qui s’est avéré précieux pour le pilotage automatique en navigation aérienne et maritime.
Il mit au point un sextant gyrostatique et un repère zénithal destiné à être associé à un viseur de bombardement.
Il fut nommé professeur à Paris en 1929 et, peu après, à l’Ecole Polytechnique. Il fut élu membre de l’Académie des Sciences en 1946.
Pierre, jeune ingénieur de l’Ecole des Mines, a préparé une thèse de Docteur Ingénieur au laboratoire de Mécanique de Grenoble, dans le cadre d’un contrat qui liait le CEMAGREF et l’Université.
Au cours de son travail de recherche, Pierre a bien sur trouvé le temps de faire de formidables hivernales.
En mai 1979, il a soutenu la thèse suivante : Etude des bouffées bidimensionnelles de densité en écoulement sur pente avec application aux avalanches de neige poudreuse.
Au début de l’année 1980, Pierre a eu la chance qu’un poste se libère au CEMAGRF au moment même ou il souhaitait entrer dans la vie active.
Cette chance lui a permis de faire coïncider l’ensemble de ses passions. Comme il aimait le dire « neige, avalanches et Himalaya tout cela a un petit air de famille ».
Au début des années 80, Pierre a rejoint l’équipe nivologique du CEMAGREF dirigée par Gérard BRUGNOT. Il a dans ce cadre réalisé des études qui consistaient à reproduire dans de grands « aquariums » les avalanches observées sur différentes zones de montagne. Il a réalisé, secondé par Frédéric ROUSSET, des études sur des bassins supportant jusqu’à 20 tonnes d’eau dans lesquels dévalèrent des milliers d’avalanches, en utilisant différents matériaux (argiles très fines, microbille de verre, sciure calibrée).
Il s’est aussi intéressé aux turbidites (avalanches de boues sous-marines) connues pour être à l’origine des coupures de câbles téléphoniques transatlantiques.
Véritable précurseur dans les méthodes qu’il utilisait pour réaliser ses études, Pierre est devenu le spécialiste des avalanches en laboratoire.
Pierre était reconnu par ses pairs à l’internationale et collaborait à de nombreux programmes. Il réalisait des études systématiques sur les sites de montagnes à protéger.
Le dernier objet d’étude de Pierre au CEMAGREF a porté sur l’influence des facteurs de sédimentation sur la dynamique des courants de gravité.
Sa détermination et son enthousiasme se retrouvaient tant dans son travail que dans son engagement pour l’Himalaya.
Animé par son désir d’exploration, Pierre partait chaque année en Himalaya. Au cours de ses multiples expéditions, il a pu éprouver les limites de l’homme face à la montagne. Aussi se plaisait-il à dire « jusqu’alors, la montagne a été magnanime avec moi » …
– Chevalier dans l’Ordre national du Mérite (juin 1988)
– Médaille d’or de la Jeunesse et des Sports
– Cristal d’or de la Fédération Française de la Montagne
– Médaille d’or de la Ville de Grenoble
– Aventurier de l’année 1984
– Match d’or 1990 (cinquantenaire de l’Annapurna à Chamonix)
Sa passion l’a également poussé à la photographie et à l’écriture. Il est l’auteur de 4 ouvrages:
Les cinq trésors de la Grande Neige (éd°Arthaud)
Alpinismes (éd°Arthaud)
Passion d’Himalaya (éd°Glénat)
Hautes Altitudes (éd° Didier Richard)